Pour commencer..

Une nouvelle pièce, écrite en 1959,
vient d'être découverte par une nouvelle
compagnie qui existe depuis 1989.

Ces deux là en ont fait du chemin
avant de pouvoir enfin se donner le jour en
cette année 1996.

Nous avons le plaisir de vous annoncer la rencontre de:
La Compagnie du Chameau
et de
La petite Molière
de J. Anouilh et R. Laudenbach

"Ah! N'allons pas songer au mal qui nous peut arriver, et songeons seulement à ce qui peut nous donner du plaisir."
Dom Juan, Acte I Scène II

La compagnie du Chameau est née le 1er Décembre 1995, mais elle existait déjà depuis plusieurs années...
En 1989, une demi-douzaine d'entre nous se rencontrent en intégrant l'lSEP
(1). Leurs aspirations artistiques convergent à un point qu'ils décident de mettre toutes leurs compétences (musicales, plastiques et théâtrales) au service de plusieurs interventions spectaculaires qu'ils réalisent d'abord dans les lieux mêmes de l'école.
Par ailleurs, ils écrivent et jouent Confettis (créée au théâtre d'Enghien) et montent
La soupière de R. Lamoureux et Mais n'te promène donc pas toute nue de G. Feydeau.
En 1991, avides de nouveautés, ils fondent une des premières équipes d'improvisation étudiantes, ce qui leur permet de rencontrer pour la première fois la LISA
(2).

En 1992, ils montent ce qu'ils pensent être leur plus ambitieux et peut-être leur dernier projet L'Odyssée pour une tasse de thé de J.M. Ribes nécessitant plus de 25 comédiens pour interpréter la soixantaine de rôles de la pièce, 4 musiciens, et un débordement d'astuces pour effectuer tous les changements de décors incessants.
En 1993, ils sortent diplômés mais pas rassasiés. Ils rejoignent alors la LISA, continuant ainsi à jouer des matchs d'improvisation.
Mais l'an dernier, la machine théâtrale se remet soudain en marche pour une unique représentation de
Ondine de J. Giraudoux dans le salon d'un appartement privé.
Dès lors, chacun prend conscience de son réel désir de créer d'autres spectacles, mais c'est bien la rencontre avec un texte qui a été déterminante, et peut-être que si nous n'avions pas rencontré
la petite Molière, la compagnie du Chameau ne serait jamais née...

(1)Institut Supérieur d'Electronique de Paris
(2)Ligue d'Improvisation Sud-Alfoséquanaise

Je voudrais bien savoir si
la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire
La Critique de l'école des femmes Scène VI

En 1959, Jean Anouilh, plein de gratitude et de respect pour Molière écrit le scénario d'un film qui lui est entièrement dédié.

Mais les producteurs, jugent qu'un tel film ne peut être "intéressant" que s'il ne parle ni trop de Molière, ni trop du théâtre...Ce film ne vit jamais le jour

Toutefois, avant de l'oublier sous les poussières d'un placard, Anouilh envoya le scénario à Jean-Louis Barrault, lui demandant s'il ne "pourrait pas monter ça à la scène sans en changer la forme."

Jean-Louis Barrault s'emballe alors pour le projet, et après avoir bien "arrosé ça à Bordeaux", ils décident ensemble, de "faire du cinéma, sans producteur, sans techniciens et sans caméra". Ainsi, après lui avoir donné naissance au festival de Bordeaux, La petite Molière devint-elle le second spectacle de l'Odéon-Théâtre de France en 1959.

Depuis, cette pièce n'a été rejouée qu'une seule fois à notre connaissance. Or un spectacle qui n'est pas joué est un spectacle que l'on oublie, et comment pourrait-on décemment laisser se perdre une pièce de théâtre où un grand auteur contemporain rend hommage au père fondateur de notre théâtre?

"Tous les discours sont des sottises
Partant d'un homme sans éclat :
Ce serait paroles exquises
Si c'était un grand qui parlât."
Amphitryon, Acte Il Scène i

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un jeune chef de troupe sans succès qui s'acharne à vouloir faire une carrière de tragédien. Avec Madeleine Béjart, sa compagne et celle qui lui a tout appris du métier de comédien, il va chercher, dans un couvent, la sœur (ou la fille?...) de Madeleine : Armande.

Celle-ci observe, avec un mélange de dégoût et de fascination, la vie ordinaire d'une troupe de théâtre s les femmes obtenant de bons rôles en échange de petites gâteries au patron qui, de son côté, est en prise avec les affres de la création, les répétitions dans les greniers et les représentations désastreuses entre Limoges et Rouen.

Petit à petit, Molière et Armande se laissent séduire l'un par l'autre. Madeleine est reléguée aux rôles de vieille reine, mais obtient que la troupe débute au Louvre : devant le roi. Le soir venu c'est un triomphe, et Molière demande à Madeleine la main d'Armande.

Le mariage a lieu : Madeleine quitte la troupe. Armande accouche d'un garçon.

Suite au scandale de l'école des femmes le roi et la reine parrainent l'enfant. Mais celui-ci meurt moins d'un an plus tard. Armande décide alors de ne vivre plus que pour elle, et de faire du théâtre pour être admirée et adorée. Elle commence alors à tromper Molière qui s'installe seul à Auteuil. Là, il recueille le petit Baron à qui "il apprend à jouer la tragédie mieux que lui".

Lors d'une répétition houleuse, Baron, giflé par Armande s'enfuit. Molière se retrouve à nouveau seul et voit Madeleine mourir et léguer tout son bien à Armande (...sa fille...?).

Mais Baron revient, plus grand et plus beau Molière exulte et monte en quinze jours pour le roi, Psychée à Versailles. Baron et Armande, jeunes et beaux tous les deux, tombent amoureux l'un de l'autre.

A la mort de Molière (sur scène lors d'une représentation du Malade imaginaire), Baron est parti, et Armande devient la nouvelle directrice de la troupe. Le spectacle et la vie devant continuer, elle épouse un certain Guérin L'Estriché.

"Les difficultés qui se mêlent aux choses
réveillent les ardeurs,
augmentent les plaisirs"
Les Fourberies de Scapin, Acte III Scène I

Tout d'abord, et c'est un fait, Molière fait partie de notre culture et donc de notre histoire propre : Molière vit en chacun de nous,...qu'on le veuille ou pas, et nous voulions lui prouver notre reconnaissance.

Ainsi, nous pensions bien choisir une de ses pièces; mais dans un monde où la surenchère est de rigueur, où les idées qu'on peut avoir prévalent sur le texte que l'on joue, il nous a d'abord semblé préférable de chercher de l'inédit, du surprenant.

Et c'est là que nous avons succombé aux charmes de La Petite Molière de Jean Anouilh et Roland Laudenbach.

Sa forme, liée à son écriture cinématographique, nous permet de satisfaire pleinement ce besoin d'inventions et d'idées nouvelles; elle représente un réel défi, et les amoureux de cinéma et les passionnés de théâtre que nous sommes ne pouvions que le relever.

Il nous faut en effet mettre en scène 63 rôles parlants, 15 figurants, fabriquer autant de costumes, effectuer, en moyenne, un changement de décors toutes les 72 secondes et écrire la musique qui agrémentera tout ça !

Le fond, quant à lui, loin d'être un simple prétexte à un débordement d'effets spectaculaires, n'oublie jamais ce qui est l'essence même du théâtre : le jeu dramatique. La pièce met en scène des hommes en prise avec l'humain.

Mais, la petite Molière est plus qu'une pièce racontant la vie de Molière et ses amours malheureuses; elle est aussi un message d'amour, de respect, d'humilité et de reconnaissance adressé à Molière lui même, aux acteurs d'aujourd'hui et au public, toujours fidèle, qui seul décide de l'éternité d'un auteur.

C'est une pièce sensible, profondément humaine et résolument contemporaine qui ne peut que tous nous toucher.

"Laisser la science
aux docteurs de la ville"
Les Femmes savantes, Acte Il Scène 8

La mise en scène de La petite Molière est entièrement écrite dans le scénario de la pièce, et cela aux temps de silence près.

Ce qu'il nous faut c'est être astucieux pour faire du cinéma au théâtre. Nous avons en effet à répondre à plusieurs difficultés, intimement liés à cette écriture.

Tout d'abord, nous devons raconter l'histoire de la pièce. en faire ressentir au public tous les enjeux : nous devons lui offrir une histoire touchante et vivante.

Par ailleurs, nous avons décidés de jouer l'intégralité du texte, mais pour une lisibilité théâtrale nous l'avons découpé en cinq actes répartis sur deux parties : Madeleine pour la première qui prend fin par le mariage d'Armande et de Molière, et Armande pour la deuxième. Tous les rôles étant ainsi représentés, chaque acteur se voit distribuer dans un à sept rôles : nous sommes quinze.

Ensuite, il nous faut représenter au théâtre tous les effets qui caractérisent le cinéma (gros plans, travellings, plans de coupe, etc...), et reproduire la multitude de lieux différents sans alourdir le spectacle, sans lasser le spectateur et donc en le surprenant toujours.

Pour cela, les temps des changements de décors n'excéderont pas 5 secondes entre les scènes et 2 minutes entre les actes, et, d'autre part, pour rendre la fluidité cinématographique. Nous avons fait appel à quatre musiciens confirmés qui joueront la pièce avec nous tous les soirs.

Pour finir, notre objectif est de rendre au théâtre (ou au cinéma) ce qui est sa substance essentielle : le jeu dramatique. C'est pourquoi, le spectacle, qui commencera par du spectaculaire et une succession d'effets de scène, subira une évolution continue qui le mènera doucement à sa fin, où il ne reposera plus que sur le jeu nu des acteurs.

"Les anciens, Monsieur, sont les anciens,
et nous sommes les gens de maintenant."
Le Malade Imaginaire. Acte Il Scène IV

La compagnie du Chameau est une association culturelle d'intérêt général régie par la loi du 1er Juillet 1901.

Elle est volontairement constituée d'artistes issus de milieux et de formations très différents. C'est précisément là que réside sa force, car chaque création s'enrichit alors de cette diversité d'expériences et de sensibilités.

Par ailleurs, ces différences garantissent notre pluridisciplinarité; ainsi la compagnie du Chameau a pour membres des ingénieurs, des musiciens, des jongleurs, des chanteurs des acteurs, des dessinateurs, et même des échassiers...

LES MUSICIENS

Antoine Vilar : violoncelliste, conservatoire de musique, étudiant en droit
Xavier Damon : guitariste, musicien plurifonctionnel, ingénieur diplômé de I'ISEP
Laurent Bidoire :saxophoniste, ingénieur diplômé de l'ISEP
Louis Bichara :accordéoniste, ingénieur diplômé de l'ISEP

LES COMEDIENS

Béatrice Vincent :chanteuse et improvisatrice, ingénieur diplômé de l'ISEP
Bora Allali
Bruno Negris :
cours de Pierre Reynal
Claire Guillamaud :cours de Véra Goréva, conservatoire du Xème Arrdt
Frédéric Bijaoui :cours de Pierre Reynal
Michal Chemla :improvisateur, ingénieur diplômé de l'ISEP
Jean Marc Racine :ingénieur diplômé de l'ISEP
Emmanuel Barbier :pianiste et improvisateur, ingénieur diplômée de l'ISEP
Emmanuelle Dorin :chanteuse, guitariste, improvisatrice, ingénieur diplômée de l'ISEP
Pascal Réneric : conservatoire de Chaillot, improvisateur
Paul Bacrie :improvisateur, jongleur
Sonia Abdoulkarim :danseuse et improvisatrice, ingénieur diplômée de l'ISEP
Thomas Séraphine :improvisateur

LES TECHNICIENS

Jean Coutris : décorateur, ingénieur diplômé de l'ISEP
Sylvie Do : costumière, ingénieur diplômé de l'ISEP, improvisatrice, échassière, école d'arts appliqués.

"Les étranges animaux à conduire que des comédiens !"
L'Impromptu de Versailles, Scène I

C'est Michaël Chemla qui est le metteur en scène de La Petite Molière.

SA FORMATION

Entre 1987 et 1993 il a participé aux cours de J.P. LORIOL où il a suivi un enseignement technique et corporel sur des textes classiques et modernes.
Il a également effectué des stages de Clown avec J. HADJAJE, de mime corporel avec V. LESERGENT et d'improvisation avec des membres de la Ligue de France d'improvisation, et de Comedia del arte avec C. BOSO.
Depuis 1993, il est diplômé d'une grande école d'ingénieur.

SON EXPERIENCE

Au théâtre, il a joué dans l'atelier de J.C Grumberg avec "le théâtre du chapeau", dans la Parenthèse avec la compagnie "TQM87", et dans On ne badine pas avec l'amour d'A. de Musset avec "le théâtre d'histoire".
Il a également écrit un spectacle
(le Boxeur) pour le salon du livre et de l'aventure de Liévin.
En tant que metteur en scène, il a monté
l'Odyssée pour une tasse de thé de J.M. Ribes avec "l'Ensemble Théâtral Isépien", et plus récemment Ondine de J. Giraudoux avec la future "Compagnie du Chameau".
Par ailleurs, depuis 1993, il est jouteur pour la Ligue d'île de France d'Improvisation (LIFI) et pour la LISA.
Enfin, depuis trois ans, il donne des cours de théâtre pour l'éducation national au lycée A. Boulloche (93).